Programme d’« Amélioration durable de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des stratégies de résilience des ménages vulnérables de la zone de santé de Kalonda Ouest, dans le territoire de Kamonia »
1. Les enjeux du Kasaï
La province du Kasaï est confrontée à des enjeux structurels et conjoncturels. L’apparition de violences, provoquées par un soulèvement violent de la milice locale (Kamuina Nsapu) en aout 2016, le refoulement des réfugiés congolais par le gouvernement Angolais en décembre 2018, et le manque d’infrastructures structurantes (routes, marchés, etc.) ont plongé davantage ces régions dans une urgence humanitaire complexe. En outre, depuis octobre 2018, on constate une arrivée massive de ressortissants congolais retournés et expulsés d’Angola à la suite d’une décision du Gouvernement angolais d’expulser de son sol toutes les personnes en situation irrégulière (quelle que soit leur nationalité) dans le cadre de la restructuration du secteur minier. Les statistiques officielles font état de plus de 373 0001[1] personnes retournées et expulsées d’Angola entrées par les postes frontaliers situés dans les provinces du Kasaï, Kasaï Central, Kwango et Lualaba. Il s’agit en majorité de jeunes à risque pour lesquels il faudrait renforcer la prise en charge et envisager d’autres interventions de résilience. Ces crises ont comme conséquences des centaines de victimes, des milliers de pertes d’actifs, de mouvements de population, l’aggravement des querelles intercommunautaires préexistantes à connotation ethnique, liées à diverses tendances et évolutions récentes: le remodelage des frontières provinciales; l'érosion des systèmes de médiation traditionnels et des structures de pouvoir coutumières; la manifestation plus locale des rivalités politiques au niveau national. En outre, ces événements ont eu de graves répercussions sur les populations de cette région, dont les conditions de vie étaient déjà précaires avant la crise et dont la plupart des moyens de subsistance, à savoir l'agriculture, le petit élevage et les activités commerciales ont été perdus.
Sur le plan humanitaires, la situation nutritionnelle dans la région du Kasaï demeure préoccupante en raison d’une augmentation des alertes nutritionnelles, selon le SNSAP (>50% depuis le début de la crise). L’analyse globale des données des enquêtes nutritionnelles par le PRONANUT et les différents partenaires dans les 5 provinces de la région montrent des taux de prévalences au-delà du seuil d’urgence de 2% de MAS et 10% de MAG. Par ailleurs, les résultats des dernières enquêtes territoriales réalisées en avril/mai 2018 par PRONANUT et UNICEF dans 5 territoires (Demba, Dimbelenge, Kamiji, Kamonia/Tshikapa, Mweka), révèlent une situation nutritionnelle critique dans la quasi-totalité des territoires, avec des taux de prévalences dépassant les seuils d’urgence tels que définis en RDC (MAG>= 15% et/ou MAS > 2%). Les mêmes enquêtes révèlent des taux de mortalité très élevés chez les enfants de moins de cinq ans. Ces taux restent bien supérieurs au niveau d’alerte de 2 décès/10 000 enfants [2]par jour. Ceci confirme la précarité et la gravité de la situation nutritionnelle dans la Région du Kasaï.
Selon les résultats de l’évaluation approfondie sur la sécurité alimentaire en situation d’urgence (EFSA) conduite par le PAM en mai 2019, 47% de la population a un Score de Consommation Alimentaire pauvre, 94% d’enfants de 6 à 23 mois n’ont pas atteint le Minimum Alimentaire Acceptable. Toujours selon ce même rapport, 3 personnes sur 4 soit 3 370 024 personnes vivent en insécurité alimentaire globale. Ces chocs augmentent la pression sur les moyens d’existence des ménages, augmentent les couts des soins médicaux, limitent directement les capacités de ménages à générer des revenus en fragilisant le capital humain et limitent l’accès des ménages à la nourriture.
La province du Kasaï est reconnue pour ses ressources minières. Malgré des potentialités climatiques et foncières favorables à l’agriculture, l’exploitation agricole reste modeste et peu structurée. L’action paysanne souffre d’individualisme et les petits producteurs peu organisés sont limités dans la production vivrière. Ils connaissent des difficultés en termes d’accès aux intrants et à un encadrement technique de qualité nécessaire pour obtenir de bons rendements, d’accès aux crédits et aux marchés intégrés. Les filières agricoles et pastorales disponibles nécessitent une meilleure organisation pour attirer des investissements, optimiser les transactions, créer des emplois et de revenus équitables et in fine, rendre disponibles des aliments locaux à forte valeur nutritionnelle.
1. Objectif générale de la Consultance
Le contrat de consultance a comme objectif la réalisation d’une étude anthropologique sur la structure et les comportements sociétaux des populations de la zone de Kalonda Ouest dans le Kasaï
Les résultats de cette étude devront permettre à Action contre la Faim de mieux appréhender les réflexes et les ressources émotionnelles des populations de la zone afin d’avoir un meilleur ancrage de ses activités.
2. Objectifs spécifiques et résultats attendus
La mobilisation des services du consultant ou de la consultante retenu(e) permettra de répondre aux besoins et services d’appui de différents types et d’atteindre les objectifs spécifiques suivants :
Objectif Spécifiques 1 : Une analyse sur les barrières aux changements de comportement
La mise en place d’une analyse de barrières permettra de comprendre les limites du processus de changement de comportement par rapport aux bonnes pratiques d'hygiène et nutritionnelles dans les communautés afin de proposer une stratégie de changement de comportement pour améliorer la résilience à l'insécurité nutritionnelle dans la zone d'implémentation de l'action. Cela passe par une identification et analyse des représentations et croyances encadrant les pratiques d’hygiène, d’alimentation (y compris tabous alimentaires, rites alimentaires), de soins aux jeunes enfants, d’organisation du travail reproductif et productif.
Objectif Spécifiques 2 : Analyse anthropologique sur la structure et les comportements sociétaux
L’analyse anthropologique sur la structure et les comportements sociétaux sera menée dans le but de comprendre les comportements et les mœurs des populations de la zone d’intervention. Il s’agira de décrypter les rapports sociaux, les dynamiques de pouvoir, les représentations, croyances, normes et pratiques en matière de gestion de la propriété individuelle et collective. Une attention particulière sera apportée aux facteurs favorisant ou entravant l’action collective, afin d’identifier des leviers mobilisables pour favoriser l’émergence de groupes de producteurs organisés à même de s’intégrer aux marchés locaux de manière plus structurée.
Objectif Spécifiques 3 : Analyse genre
Une analyse genre sera menée afin de comprendre les rapports entre les hommes, les femmes, les différents groupes d’âges dans les communautés et les dynamiques de pouvoir et de répartition des rôles entre ces derniers. L’analyse de la répartition entre tâches productives, reproductives et sociales au sein des ménages permettra de proposer une stratégie de prise en compte des dynamiques de genre dans la mise en œuvre des activités. L’analyse portera également sur le lien entre le genre et l’agriculture : répartition des tâches, accès aux ressources productives et stratégiques, rôles et pouvoir au sein des marchés. L’analyse genre cherchera à identifier des déviances « positives » sur lesquelles le projet pourra s’appuyer en mettant en avant des comportements endogènes.
1. Profil requis de l’Expertise
· Diplôme d’Etudes Supérieures en sciences sociales (Anthropologie, Sociologie), ou tout autre diplôme équivalent (BAC+ 5, BAC+6 ou plus)
· Formation et expérience professionnelle d'au moins 4 ans en recherche et plus spécifiquement dans le domaine social ;
· Justifier d’une expérience avérée dans des études similaires ;
· Excellentes compétences en rédaction et en communication en français;
· Capacité à produire des résultats de qualité dans les délais impartis;
· Autonomie, sens de l’initiative et de l’anticipation, bonne capacité à résoudre les problèmes;
· Capacité à travailler sous pression;
· Bonne maîtrise de l’outil informatique;
2. Composition du dossier d’offre
Le dossier d’offre doit être composé d’une offre technique et financière détaillées.
L’offre technique (8 pages maximum) présentera de manière succincte :
· La compréhension des termes de référence selon le ou la consultant(e);
· Les méthodologies et approches proposées au regard des objectifs ;
· Un plan de travail incluant un chronogramme prévisionnel ;
· Une brève présentation du ou de la consultant(e) et ses collaborateurs dans le cas échéant avec son/leur expérience professionnelle (CV annexé(s)).
L’offre financière présentera :
· Les détails des coûts des honoraires du ou de la consultant(e) par rapport aux différentes phases de la mission;
· Le détail des coûts des per diem du ou de la consultant(e) et des coûts de déplacement ;
· Les différents coûts de production des documents de travail et de rapports ainsi que les besoins de communication ;
· La proposition des modalités de paiement.
Les offres seront transmises, en version électronique avec pour objet « Consultance pour l’étude anthropologique dans le Kassai en RDC.» au plus tard le 15 décembre 2019 simultanément aux adresses suivantes: *mvaxelaire@actioncontrelafaim.org**,* *rddlog@cd-actioncontrelafaim.org* *et* *rddsame@cd-actioncontrelafaim.org*