Évaluation initiale sur les inégalités de genre en santé et effets de genre sur les VBG – Sud Kivu, RDC
Projet : Appui à l'HGR et la Fondation Panzi, et dans la Zone de Santé d'Ibanda pour la promotion de l'égalité de genre en santé sur la base du modèle holistique Panzi
Source de financement : AFD
Date de publication : le 2 décembre 2021
Date de clôture : le 2 janvier 2022
1. Contexte
La ville de Bukavu, située sur la rive-ouest du lac du Kivu, à l'Est de la RDC, est la capitale de la province du Sud-Kivu. Ville frontalière du Rwanda, Bukavu est située dans une région instable régulièrement touchée par les conflits armés, où enregistre les bilans les plus lourds du pays en termes de violations des droits humains dont les violences sexuelles.
Trois provinces enregistrent le plus grand nombre de victimes de violences sexuelles : le Nord-Kivu, le Maniema et le Sud-Kivu. Et les civils sont les premières victimes des membres des groupes armés : 33 femmes et 11 enfants victimes en juillet 2021.
Les cas de violences basées sur le genre (VBG), y compris les mariages précoces, forcés et les viols militaires, sont particulièrement célèbres dans cette province5, et ce type de violence, mobiles majoritairement par des groupes armés, n'a fait qu' augmenter au cours des dernières années. A noter que le nombre de civils parviennent dans les cas de VBG est également croissant. 62 517 cas de VBG ont été déclarés et pris en charge en RDC de Janvier à Juin 2021, soit +132% par rapport à la même période en 2020. Neuf des 26 provinces sont au niveau de sévérité jugée « catastrophique » (plus de 1 100 cas), dont le Sud-Kivu avec 6 398 cas, correspondant à une augmentation de 90% des cas par rapport à l'année passée.
Malgré un cadre légal dense et structuré, les sous sexo-spécifiques de l'Indice de Développement Humain (IDH) placent RDC en bas de la liste du rapport 2019 du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), avec un Indice de Développement de Genre (IDG)6 de 0,832 (comparativement à un indice de 0,867 pour le continent Africain) et un Indice d'Inégalité de Genre (IIG)7 évalué à 0,673 évalué à 0,673 la RDC au 153e rang sur 157 pays suivis.
Les recherches ne cessent de suivre le processus de « normalisation » des relations sexuelles sexuelles et la violence exercée sur le genre avec la diffusion de l'impunité générale à tous les niveaux, et commentent les soldats de l'armée congolaise différenciants le viol « normal » en tant que produit du désir masculin et le viol « enfer » accompagné d'un degré de violence injustifié. Ce type de typologie démontre l'étendue de la banalisation des violences dans les relations sociales en RDC. Un des enjeux réside à aller au-delà de la « simple » aide aux victimes : adresser les causes fondamentales enracinées dans les représentations et rôles de genre, mais aussi comme le propose l'Hôpital Panzi d'améliorer le statut social, politique et économique des femmes au sein de la société congolaise.
L'Hôpital Général de Référence (HGR) de Panzi se trouve au sein d'Ibanda, l'une des communes de la ville de Bukavu. L'hôpital est de fait reconnu internationalement pour son approche holistique de prise en charge des femmes survivantes de viols et d'autres violences sexuelles, approche centrée sur les besoins des survivants et couvrant ainsi les besoins médicaux, psychosociaux, socio-économiques et juridiques, « le modèle Panzi ». Créé en 1999 par le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, l'hôpital a développé une expertise internationalement reconnue dans la chirurgie des pathologies gynécologiques complexes et dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Interconnecté avec la Fondation créée par le Dr Mukwege en 2008, la collaboration entre les deux institutions permet de soutenir le modèle du guichet unique (one stop center). Avec pour vision l'émergence des femmes comme actrices à part entière dans une société où règne la cohésion sociale, leur mission est d'œuvrer pour l'épanouissement intégral des femmes.
Étant un hôpital de référence bien établi avec des spécialistes dans plusieurs domaines, l'hôpital a la possibilité d'anciens du personnel médical dans les autres hôpitaux et centres de santé de la zone de santé (ZS) d'Ibanda afin de fournir une aide spécialisée , comme le traitement de la fistule et les soins néonatals. La ZS d'Ibanda comprend 17 aires de santé, dont 16 disposent d'un centre de santé, 45 laboratoires et 1 098 personnels actifs formés.
Tout Hôpital Général de Référence à pour fonction : la dispensation des soins de santé de référence sous forme de Paquet Complémentaire d'Activités, l'enseignement et le recyclage des professionnels de santé, la recherche opérationnelle, et le contrôle de qualité et l'encadrement des structures de santé de premier échelon (CS).
Le manque de réponse et de systématique du renforcement des capacités du personnel de santé dans la province constitutive d'un problème, et il est également estimé que le personnel médical formé dans les autres hôpitaux et centres de santé est insuffisant.
2. Objectif général du projet
L'Objectif général du projet est de contribuer à réduire les inégalités de genre entraînant l'accès aux services de santé adaptés, et à renforcer l'autonomie socioéconomique des femmes dans le Sud Kivu. Le projet prévoit dans un premier temps de renforcer les capacités de l'HGR de Panzi pour la prise en charge et l'accueil des patients.es et malades au prisme du genre, dans un deuxième temps de réduire les barrières d'accès aux soins de santé liée au genre, enfin renforcer l'autonomie des femmes autour de la zone de santé d'Ibanda à travers une mobilisation communautaire transformatrice et le renforcement des capacités de la Fondation Panzi.
3. Objet de la consultation
Améliorer l'accès des populations dites vulnérables nécessitent de documenter finement les barrières nécessairement générées de l'accès aux soins de santé primaire et comprennent la prise en charge des survivants de violences sexuelles dans le Sud-Kivu.
L'objet de la consultation est de :
une. Les représentations et les rôles de genre sur le statut des femmes, des filles, des garçons et des hommes dans la structure sociale, politique et économique dans la société congolaise ;
b. Les normes de genre sur les représentations, attitudes et pratiques liées à la santé sexuelle et reproductive ;
c. Les normes culturelles, religieuses et morales dominantes sur les discours et prestations médicales ;
ré. La dépendance économique des femmes et l'accord marital sur l'accessibilité aux soins, les types de soins (non-)reçus et les conséquences sur leur santé ;
e. La banalisation des violences dans les relations sociales et la normalisation de la violence sexuelle et basée sur le genre et l'impunité ;
F. La normalisation de la violence, la discrimination et les abus sexuels dans le milieu sanitaire envers les femmes ;
g. La peur des représailles, la stigmatisation, le rejet marital ou familial, lié à l'autodétermination des femmes sur la santé.
Identifier les modalités de la redevabilité à mettre en place (qui, avec qui, comment, où) et de l'intégration des femmes dans les comités de gestion sur la santé sexuelle et reproductive et la santé maternelle dans la zone de santé.
Identifier les leviers d'intervention pour l'approche transformatrice communautaire d'information, de dialogue et de participation sur le genre, les VBG et la SSR.
Identifier les risques potentiellement nuisibles d'un projet sur les VBG dans cette zone en terme d'accès aux services mais aussi d'effets de genre négatifs (réappropriations, crispation des tensions sur la question de genre et VBG).
Élaborer des méthodes d'approche et contenu à partir de la grammaire de la pensée des habitants.es et des dynamiques de pouvoir en œuvre.
Identifier des bonnes pratiques de prise en compte du genre en matière d'accès aux soins de santé primaire y compris de prise en charge des SVS dans le Sud Kivu.
4. Résultats Attendus
La consultance aboutira à un rapport final :
Les barrières structurelles majeures de l'accès aux soins dans la zone de santé d'Ibanda ;
Les modalités des mécanismes de redevabilité à mettre en place ;
L'analyse des risques de mise en œuvre d'un projet VBG sur la zone ;
Les méthodes et contenus de sensibilisation adaptés.
Un axe majeur est mis sur les enjeux de genre, qui doivent impérativement être au cœur du dispositif d'enquête ainsi que dans l'analyse des résultats. De plus, il est demandé que l'étude respecte la parité femmes-hommes dans le recrutement des ressources humaines. Pour les différentes formations des enquêteurs et enquêteurs, la parité sera respectée. Quant au dispositif d'enquête, les binômes hommes-femmes seront choisis par la structure afin d'assurer la collecte de données auprès des femmes répondantes. Les horaires et jours de collecte seront également adaptés afin de permettre l'accès aux répondants.
5. Méthodologie/ Étapes de travail
Il est souhaité que le/la consultant.e réalise les étapes suivantes :
Proposition des outils de collecte au RT Genre de la CRf pour validation ;
Collecte d'informations sur le terrain (Bukavu) ;
Transmission du draft 1 du rapport narratif à la CRf pour révision par le Desk, Terrain et RT Genre ;
Echanges, ajustements et validation entre l'équipe consultante et la CRF du draft 1 ;
Transmission de la VF. Des étapes de restitutions sont attendues.
6. Responsabilités
Construire le dispositif d'enquête par questionnaire, focus groupes et entretiens individuels ;
Former les enquêteurs.rices à la collecte des données sur les points de triage et remontée d'information ;
Superviser la collecte et analyser les données ;
Rédiger un rapport d'évaluation ;
Faciliter un atelier de consolidation avec l'équipe et les partenaires reçoivent dans l'enquête après le recueil des données et un atelier de valorisation des résultats avec toutes les parties prenantes.
7. Présentation des partenaires d'implémentation
La CRf intervient ponctuellement dans des situations d'urgence en RDC depuis les années 1990. En 2010, elle s'établit dans le pays de manière permanente et débute la mise en place d'interventions de santé publique. A partir de 2018, elle développe des interventions de Prévention et Contrôle des Infections (PCI) et d'appui psychosocial dans le cadre de la lutte contre la 9e, 10e et 11e épidémies d'Ebola, y compris au Sud Kivu. A partir de 2020, elle renforce ses activités de PCI et notamment son volet communautaire dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19 aux côtés des autorités sanitaires. La CRf a depuis élargi son portefeuille d'activités et dispose actuellement de bureaux opérationnels à Kinshasa, dans la Kwango et à Goma. Courant 2021,
Depuis 1999, l'AICRL intervient en RDC, et depuis 2020, elle met en œuvre des projets d'urgence et de développement dans la province du Sud Kivu. Ses projets d'urgence ont pour objectif de distribuer des abris aux populations déplacées suite à un conflit armé ou à une catastrophe naturelle. Ses projets de développement visent à améliorer de manière durable les conditions de logement des personnes vulnérables. Par ailleurs, une collaboration est déjà en cours avec l'hôpital de Panzi et la Fondation Panzi, pour soutenir les volets médicaux, socio-économique et juridique du modèle holistique du Dr Mukwege et de ses équipes.
La CRRDC est une organisation humanitaire reconnue comme Société nationale de la Croix-Rouge par l'État congolais depuis le 1er mars 1961. Avec une quarantaine de personnes permanentes au siège national, des comités locaux dans toutes les provinces et plus de 160 000 volontaires dans le pays, la CRRDC œuvre dans les domaines suivants : secours, assistance aux personnes vulnérables, préparation et réponse aux catastrophes, formation de volontaires et de formateurs en premiers secours, lutte contre les épidémies, soins et santé communautaires, eau, hygiène et assainissement, encadrement de la jeunesse, promotion des valeurs humanitaires.
8. Habitables
9. Calendrier
Date de démarrage souhaitée : 1er février 2022 ;
Durée de la consultation : une finalisation de la consultation au plus tard au 15 avril ;
Un calendrier détaillé est attendu dans les soumissions.
10. Référent/Points focaux et communication
Sur le terrain :
▪ La coordinatrice des programmes et le chef de sous délégation (HoSD) de la Croix-Rouge française sont les interlocuteurs directs et les points focaux prioritaires de cette consultation. Ils peuvent selon les informations demandées passer le relais à leurs équipes et contacts.
A Paris :
▪ L'Adjointe desk géographique CRF pour tout ce qui concerne la conduite de la mission, ainsi que pour le rendu final des documents/livrables ;
▪ La Référente technique Genre de la CRf pour les questions d'ordre d'Éthique et de Recherche.
11. Profil recherché
▪ Chercheur.e membre d'un laboratoire de recherche en sciences sociales (sociologie de genre, anthropologie de la santé) ou expérience d'étude en sciences sociales confirmée. Un binôme de chercheur.es est souhaité.
▪ Les Chercheur.es nationales ou pays limitrophes sont largement encouragées.es à candidater.
▪ Expérience d'étude de genre ou de santé en RDC est fortement recommandée.
▪ Apte au voyage à l'intérieur du pays et à travailler sous stress.
▪ Connaissance et adhésion aux valeurs du mouvement Croix-Rouge
▪ Connaissances pratiques de l'anglais du français indispensables, et connaissance du swahili et autres langues nationales (kituba, lingala, tshliuba) souhaitables.
▪ Connaissance et adhésion aux valeurs du mouvement Croix-Rouge.
12. Critères d'évaluation des offres
▪ La compréhension et l'interprétation des termes de références
▪ La méthodologie et le chronogramme proposés au regard des objectifs à atteindre
▪ L'expérience des chercheur.es
▪ La connaissance de la zone
▪ Le niveau d'expertise
13. Couts prévisionnels et modalités de paiement
Le montant correspond à l'ensemble des dépenses du/ de la consultant.e dans le cadre de cette mission, dont les frais de communication.
Le paiement pourra être réparti en trois phases :
60% après la signature du contrat,
40% après la réception de l'ensemble des livrables.
14. Clauses administratives
▪ Le/la soumissionnaire doit apporter la preuve au moment de la soumission de la régularité de son activité économique (documents fiscaux, immatriculation, inscription comme travailleur indépendant – en fonction du pays de référence où est établi le soumissionnaire).
▪ Le/la chercheur.e doit fournir les moyens nécessaires à l'accomplissement de sa prestation qu'ils soient matériels ou humains : ordinateur, assurances en responsabilité civile professionnelle.
▪ Elle/iel/il peut déléguer une partie de la mission, au sein de son équipe, au collaborateur de son choix, mais il/elle demeure la seule autorité hiérarchique et disciplinaire concernant ses salarié.es. Le/ la consultant.e doit assurer la sécurité, et à ce titre assurer les consultant.es envoyé.es en mission.
15. Expression d'intérêt
En précisant dans l'intitulé : CRf RDC _ Offre Consultance Evaluation initialezi, les personnes qui pourraient vouloir présenter :
▪ Une offre technique présentant :
o Leur compréhension des enjeux et des termes de référence (TdR) : développement d'une problématique et formulation de questions auxquelles l'offre propose de répondre (1,5 Page max);
o Méthodologie et outils proposés pour la recherche (1 Page max) ;
o Déroulement de l'étude présentant les détails pour la réalisation de chacune des phases de l'évaluation ;
▪ Un planning qui devra inclure :
o Un temps de mission sur le terrain
o Un temps de briefing et de débriefing
▪ Une offre financière comprenant un budget détaillé par rubriques (honoraires, transports internationaux, frais de VISA, hébergement, etc.). Le montant proposé devra être toutes taxes comprises, le prix ferme et définitif. (1 page maximum)
▪ Un ou des CV actualisé(s) ;
▪ Un exemple de livrables rendus dans le cadre de consultations similaires ;
▪ Des références.
L'expression d'intérêt doit être adressée à : nora.royer@croix-rouge.fr
Date limite de soumission des offres : le 2 Janvier 2022
L'expression d'intérêt doit être adressée à : nora.royer@croix-rouge.fr
Date limite de soumission des offres : le 2 Janvier 2022